Docteur Open et Mister IA
Pulls qui déjouent la vidéosurveillance, visages générés par IA jugés plus réels que les vrais et 1900 jeux en promo !
Édito
Par Ambroise Garel
Vendredi soir, alors que tout allait bien et que le soleil dardait ses rayons sur le monde de la tech dont les courbes de croissance poussaient plus vite que des bambous pendant la mousson, Sam Altman, le président d’OpenAI, a été dégagé de son poste par le conseil d’administration. En cause, une vaste embrouille entre deux camps concernant la direction que doit prendre OpenAI, l’un des camps, mené par Ilya Sutskever, jugeant que l’autre, celui d’Altman, privilégiait le succès commercial à court terme au détriment de la recherche fondamentale et des inquiétudes d’une partie de l’équipe sur les risques posés par l’IA.
La suite a été encore plus inattendue. Après un débat semble-t-il houleux, le board a décidé d’élire Mira Murati, directrice technique d’OpenAI, présidente par intérim. Intérim qui n’a pas fait long feu puisque même pas trois jours plus tard, elle était remplacée par Emmett Shear, ancien directeur général de Twitch. Pendant ce temps, Microsoft, qui n’avait pas l’intention de perdre les milliards injectés dans OpenAI (dont il détient 49 %) ni de voir ses actionnaires céder à la panique, offrait d’embaucher Altman et toute son équipe (qui avait démissionné dans la foulée), tout en laissant la porte ouverte aux anciens employés d’OpenAI qui souhaiteraient les rejoindre. Qui, vu le niveau de chaos et de mécontentement depuis l’élection de Shear, risquent d’être nombreux à franchir le cap.
On peut bien sûr être admiratif devant le coup de maître réalisé par Satya Nadella, qui va peut-être phagocyter OpenAI pour une fraction du coût qu’aurait représenté un rachat. Ou bien rigoler de la proposition de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique, qui suggère à Altman de venir en France (comme le font remarquer les twittos, au moins il aurait des tickets resto). Ou encore remarquer que, malgré la surprise générale de l’industrie vendredi soir, le schisme n’avait en fait rien d’inattendu, et était même inévitable de par la nature hybride d’OpenAI, organisation à but non lucratif incorporant une filiale, OpenAI Global, chargée de faire rentrer la caillasse. Mais en découvrant les coulisses d’OpenAI, révélées par The Atlantic (article réservé aux abonnés), on réalise l’ampleur du problème.
Les clans qui s’opposaient chez OpenAI n’étaient pas simplement celui des chercheurs contre celui des startupers avides de pognon. Tandis que la plupart sous-estimaient ChatGPT (la majorité des employés étaient persuadés que leur modèle n’intéresserait pas grand monde), d’autres, comme Sutskever, étaient persuadés d’être sur le point de créer une intelligence artificielle générale et commençaient à se comporter d’une manière qui évoque davantage un gourou qu’un ingénieur — Sutskever a par exemple commandé à un sculpteur une statue représentant une « IA hostile au bien-être de l’humanité » afin d’y mettre le feu. Et, au-delà du cas d’OpenAI et de toutes les blagues qu’on a pu faire sur le virage mystique de la Silicon Valley, on peut se demander combien de temps pourront tenir sans exploser des entreprises qui tiennent à la fois de l’Église et de la planche à billets pour capital-risqueurs.
En attendant de connaître le destin d’Altman et d’OpenAI (car rien n’est encore joué), une chose est certaine : la crise est grave et il existe des moyens objectifs de le prouver. D’après les statistiques de la start-up EightSleep, qui commercialise un pod pour améliorer la qualité du sommeil, le nombre de San-Franciscains à dormir moins de cinq heures par nuit a augmenté de 27 % depuis le début de cette histoire.
Avant de vous laisser déguster cette nouvelle édition du Pavé, deux informations pour notre lectorat bien-aimé :
Clément Pouré, journaliste indépendant qui a travaillé entre autres pour Mediapart, La Revue dessinée et Pixels, rejoint notre équipe avec « le dessous des cartes à puces », une chronique bimensuelle sur la géopolitique de la high-tech. Le premier épisode, que vous trouverez dans la partie premium de ce numéro, a pour sujet les technologies à double-usage militaire et civil, et les manigances qu’elles permettent.
Profitez du « Black Friday » en vous abonnant au Pavé numérique pour 2,90 € par mois ou 29 € par an (soit une réduction de 42 %) pendant toute cette semaine.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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Petapixel.com. Vous ne voulez pas que votre visage soit reconnu par les logiciels de surveillance algorithmique utilisés illégalement par la police française ? Je vous comprends. Mais vous ne voulez pas non plus avoir recours à un maquillage spécial pour brouiller les systèmes de reconnaissance ? Je vous comprends aussi, c’est déjà assez long comme ça de se préparer pour aller au boulot le matin. Vous serez alors heureux d’apprendre que la start-up italienne Cap_able a créé des pulls qui empêchent les caméras intelligentes d’identifier les visages de leurs porteurs. Dit comme ça, cela semble presque de la magie, mais n’oubliez pas que cette technologie existe depuis longtemps : la preuve, à chaque fois que je porte mon pull rose fluo Hello Kitty, mes amis font comme s’ils ne me connaissaient pas.
News.MIT.edu. « Une vie non examinée ne mérite pas d’être vécue », disait Socrate à qui on a bien fait de faire boire la cigüe. Toujours est-il que, fidèle au précepte socratique, la nouvelle imprimante 3D issue d’une collaboration entre des chercheurs suisses et le MIT observe continuellement son propre travail afin d’ajuster sa consommation de résine, contrairement à Usain « Rude Boy » Ganja, mon pote jamaïcain.
ArsTechnica.com. Si, comme moi, vous êtes un mammifère et rêvez de voir votre existence chroniquée par David Attenborough, vous allez aimer l’invention de Charlie Holtz. Ce développeur a relié sa webcam à un LLM entraîné sur les scripts des documentaires animaliers d’Attenborough, lui-même connecté à un synthétiseur vocal. Sa vie tout entière est ainsi décrite en quasi-temps réel comme dans un docu de la BBC, ce qui vaut tous les biographes du monde.
PCGamer.com. Une histoire aussi vieille que le téléphone : un type discute avec sa nouvelle petite amie quand, soudain, elle cesse de lui répondre. A-t-il dit une bêtise ? A-t-elle rencontré quelqu’un d’autre ? Pas du tout, c’est bien plus simple. La petite amie en question était une IA développée et hébergée par la société Forever Voices, dont le patron, victime d’une brutale décompensation psychotique, a menacé de faire exploser les locaux d’une autre entreprise, tenté de foutre le feu à son propre appartement et été arrêté par la police. Ce qui, une chose en entraînant une autre, a conduit à une interruption du service – en l’occurrence, les réponses des petites copines virtuelles.
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Les bons plans matos
Par Furolith
Casque VR Meta Quest 2 128 Go (300 €). Lancé à l’automne 2020 à 350 €, le Quest 2 a d’abord vu son prix rehaussé à 450 €, avant de retomber à 300 € à l’occasion de ce Black Friday 2023. Cerise sur le gâteau : un bon d’achat Amazon de 50 €, utilisable jusqu’au 15 janvier 2024, vous sera envoyé une fois le casque expédié. Dans ces conditions, le Quest 2 reste aujourd’hui la meilleure porte d’entrée vers la réalité virtuelle.
Meta Quest 3 128 Go (550 €). Si le Quest 2 bénéficie en ce moment d’offres si agressives, c’est parce que son successeur, le Quest 3, est disponible depuis quelques semaines maintenant. Et il est évidemment meilleur en tout : design plus compact, écrans de plus haute définition, fonctions de réalité augmentée, SoC embarqué plus puissant… À vous de voir si tout ça justifie un prix presque doublé.
La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : Super Mario Bros. Wonder. Loin est le temps où monsieur Nintendo était le bon père de famille du jeu vidéo, soucieux de proposer un divertissement familial sans violence, fait de mondes merveilleux pleins de chevaliers, de princesses et de plombiers. Tout cela est bien terminé aujourd’hui, avec Super Mario Bros. Wonder qui, vu le niveau de délire moyen affiché à l’écran, est probablement le premier jeu vidéo entièrement développé sous peyotl. Remarquez, on aurait dû le voir venir.
Et aussi :
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
À l’occasion de la semaine du Black Friday, GamesPlanet vend à prix cassés plus de 1 900 jeux.
Parmi des centaines d’autres titres de dizaines d’éditeurs, vous trouverez, excusez du peu, le catalogue de Paradox, PlayStation, Sega et Ubisoft.
Mais ce n’est pas tout ! Les cent premières personnes à utiliser le code promo « BLACKCANARD » recevront encore une réduction supplémentaire sur tout le catalogue de jeux PC Gamesplanet.
À lire dans la partie premium
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➫ Le dessous des cartes à puces : Hardware à double tranchant
➫ Dans la fleur de l’edge : Les sirènes de l’hyperréalité
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