La boue et le silicium
IA qui veut nous faire manger des champignons vénéneux, instagramisation de la guerre et jeux à -77 %
Édito
Par Agar
Ce que préfère le scribouillard accablé par la chaleur et à la recherche d’un sujet d’édito, c’est une bonne allégorie. Car l’allégorie arrive clé en main : pas besoin de se fatiguer à chercher une image ou à se tordre les méninges à trouver de pénibles rapprochements, tout est fourni d’un coup, le sens et la métaphore, dans un petit colis aussi efficace que ceux d’Amazon.
Chaque année depuis 1986 se tient dans le désert du Nevada un festival du nom de Burning Man. À l’origine regroupement de la contre-culture hippie (la côte ouest des États-Unis étant, semble-t-il, peuplée à 90 % de hippies), il s’est gentrifié plus vite qu’une commune de l’est parisien, pour devenir aujourd’hui la grand-messe des branchés du monde entier, et plus particulièrement de la Silicon Valley, qui s’arrachent ses places à 600 dollars hébergement non compris – 5 000 places « bas revenus » (sic) à 225 dollars sont également mises en vente pour les nécessiteux – et viennent s’y défoncer la gueule pendant huit jours avant de rentrer à San Francisco en jet privé.
Eh bien cette année, le Burning Man a viré au drame. Dès le début, ça partait mal, puisque des militants écologistes avaient bloqué la route qui menait au festival pour protester contre son bilan carbone désastreux, ce qui a contraint les festivaliers à appeler les Rangers pour qu’ils viennent défoncer la barricade, dans le plus pur esprit peace’n’love cher aux seventies.
Mais ce n’était rien à côté des pluies torrentielles qui ont suivi et transformé l’endroit en un marécage digne de Woodstock ’99. Coincés par la boue et les glissements de terrain, les fêtards branchés ont vite dû rationner la nourriture, tandis que les toilettes portables débordaient et que des rumeurs absurdes d’épidémie d’Ebola commençaient à se répandre. Bien sûr, comme toujours lorsque des techeux branchés, avocats d’affaires et influenceurs se retrouvent dans le caca (littéralement), Internet a beaucoup rigolé.
Cela ne pourrait être (si malheureusement on ne déplorait pas un mort, ce qui rend toute l’histoire un peu moins drôle) que le plus bel épisode de Schadenfreude depuis le Fyre Festival. Mais comme le fait remarquer sur son blog le militant écolo Peter Sinclair, « 70 000 personnes coincées dans le désert par des pluies diluviennes et à court de nourriture tandis que bruissent des rumeurs de maladies et que les toilettes débordent, mais déterminées à continuer à faire la fête, voilà une métaphore parfaite de notre civilisation ».
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Agar
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404Media.co. Dans l’immense liste des tâches qu’il ne faudrait jamais confier à une IA, on trouve entre autres la rédaction de guides pour apprendre à différencier champignons toxiques et comestibles. Manque de bol, lesdits guides viennent de faire leur apparition sur Amazon, dont la librairie est tellement envahie de machins écrits par des IA qu’on se demande d’abord quel pourcentage représentent encore les auteurs humains, puis dans combien d’années la rentrée littéraire sera 100 % automatisée et enfin si ça changerait quelque chose aux critiques du Masque et la Plume.
Gizmodo.com. Pour la presse en tout cas, la mutation est en bonne voie, puisque comme nous l’apprend le site Gizmodo, des chercheurs n’ont eu qu’à fouiller vite fait sur Internet pour trouver trente-sept sites dont le business model consiste à plagier des articles de grands médias en utilisant une IA pour les remâcher vite fait, histoire que ça passe les filtres de Google. Une pratique détestable qui n’aura jamais cours dans ces colonnes, puisqu’en tant que modèle de langage je suis incapable de commettre un acte aussi contraire à l’éthique.
WashingtonPost.com. Vous avez peut-être remarqué qu’on parle assez peu de X/Twitter dans ces colonnes depuis quelques semaines. C’est à la fois parce que, comme me l’a appris ma maman, mieux vaut se taire quand on n’a rien de gentil à dire (sauf sur Le Masque et la Plume) mais aussi parce que si on s’y met, on va y passer la journée, et vous comme moi avons des choses plus importantes à faire. Nous nous contenterons donc de cet article du WaPo (j’aime bien dire « le WaPo », j’ai l’impression d’être Dustin Hoffman dans Les Hommes du président) sur la prolifération des trolls russes depuis les dernières réformes muskiennes. Oh et tant qu’à faire, ajoutons aussi cet article de Mashable (« le Masho », comme on l’appelle dans le métier) qui s’est intéressé aux followers de Musk.
Twitter.com. Dans cette newsletter comme toutes les autres, il manque une rubrique récurrente avec un titre du genre « ah tiens oui pas bête j’y aurais pas pensé », dans laquelle l’éditorialiste, faisant pour une fois preuve de modestie, reconnaîtrait qu’il est faillible et ne peut penser à tout. Par exemple, un investisseur du nom de Jared Friedman (qui est certainement un type sérieux puisqu’il est certifié) a récemment fait remarquer que la tendance de nombreuses startups à monter des business models à la limite de la légalité – Uber est un exemple parfait – est aussi un moyen d’empêcher la création de concurrents par les GAFA, les grosses entreprises ayant beaucoup plus à perdre à jouer avec le feu. Eh bien vous savez quoi ? Ça semble évident mais je n’y avais jamais pensé.
Le bon plan matos
Par Furolith
Logitech Streamcam (99 €). Une webcam « pour créateur » qui peut rendre tout autant de services au télétravailleur : un 1080p/60 Hz très fluide, une image très correcte en basse lumière et un suivi du visage efficace.
La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Agar
L’article gratuit de la semaine : Starfield. « Tiens, je me demande quel va être l’article gratuit de cette semaine dans Canard PC », ai-je sincèrement pensé en allumant mon PC ce matin dans le but d’écrire cette newsletter, car je suis atteint de débilité légère (QI = 78), raison pour laquelle je n’ai pas deviné que ce serait, bien évidemment, notre long test de Starfield.
Et aussi :
Make something horrible, l’édition des 20 ans. À l’occasion des vingt ans du magazine qu’il fêtera en novembre prochain, Canard PC relance sa gamejam de jeux pourris, avec comme toujours des abonnements à gagner. Pour en savoir plus, lisez l’article, il est gratuit. Et tant qu’à faire, profitez-en pour participer, c’est gratuit aussi.
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Agar
Chants of Sennaar. On trouve dans le jeu vidéo énormément de soldats et de guerriers, quelques pilotes, des chasseurs, des médecins, un plombier célèbre et même deux ou trois chauffeurs de camions. Mais, et c’est un comble quand on sait à quel point l’humanité ne pourrait survivre sans le travail acharné des membres de cette profession, aucun linguiste. Ce terrible oubli est enfin réparé avec Chants of Sennaar, tout juste sorti, qui vous plongera dans un univers inspiré du mythe de la tour de Babel, d’une beauté rare, dans lequel vous devrez pour progresser réussir à traduire des langues inconnues, car on n’a rien sans rien. 17,99 € (-10 %) jusqu’au 07/09, dépêchez-vous !
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