La chute du faucon bleu
Voitures autonomes qui hallucinent, piratage de films sur TikTok et jeux à -75 %
Édito
Par Agar
Avant toute chose, je souhaiterais m’associer à tous les autres contributeurs du Pavé numérique pour vous remercier, chères lectrices et lecteurs, pour votre confiance et votre fidélité. Fin septembre, le Pavé a encore battu des records de diffusion, comme l’atteste la plaque – format Jpeg, faut pas pousser – que nous a envoyée Substack. Grâce à votre soutien, nous allons pouvoir très prochainement vous offrir encore davantage de contenu de qualité.
Mais comme dit le sage (en tout cas celui qui vit sur le parking du Franprix en face de chez moi) après avoir avalé sa troisième rasade de vodka de la matinée, « il ne suffit pas que les choses aillent bien pour soi, encore faut-il qu’elles aillent mal pour les autres ». Si par « les autres », on entend « Twitter », il y a en effet de quoi être satisfait. Invitée à la conférence Code 2023 (une grosse sauterie organisée à Los Angeles par le site spécialisé The Verge, où sont conviés les gens qui comptent dans la tech, c’est-à-dire par exemple pas votre oncle qui fait du Cobol pour le Crédit Agricole), Linda Yaccarino, la PDG de Twitter/X, a donné une interview complètement lunaire durant laquelle, lorsqu’elle ne semblait pas complètement bourrée ou dissociée, elle évitait les questions avec une agilité digne des plus impressionnants passages en bullet time de The Matrix.
À la décharge de Yaccarino, dont le métier n’est déjà pas facile puisqu’elle doit à la fois, comme jadis les communicants de Trump, faire en sorte de ne pas fâcher son patron et justifier les dernières crétineries qu’il a twittées deux heures plus tôt sans prévenir personne, sa situation à Code 2023 était particulièrement compliquée. Juste avant son passage sur scène, Yoel Roth, ancien responsable de la sécurité de Twitter invité au débotté pour remplacer un autre intervenant, avait livré un témoignage glaçant sur le harcèlement dont il avait été l’objet après que Musk l’avait accusé à mots couverts d’être pédophile.
Le pire, c’est que le passage lamentable de Yaccarino sur la scène de Code risque de n’être pour elle qu’un échauffement. Cette semaine, elle doit s’entretenir avec les sept banques qui ont participé au financement du rachat de Twitter afin de leur expliquer par quel miracle le réseau, endetté jusqu’à l’os, espère devenir rentable. D’après les bruits de couloir captés par le Financial Times, qui aime semer des bouts d’oreille dans la moquette épaisse des banques, les prêteurs ont du mal à imaginer une solution qui ne passerait pas par le bâillonnement d’Elon Musk, dont les tweets et les prises de position radicales, voire délirantes, continuent de faire fuir les annonceurs. Bâillonnement qui, quant on sait à quel point le milliardaire est attaché à ses shitposts pluriquotidiens et convaincu de la justesse de sa croisade pour sauver la liberté d’expression du « virus woke », semble hautement improbable.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Agar
〣( ºΔº )〣
Wired.com. Si vous trouviez que ces histoires de Kenyans payés une misère pour modérer le contenu des générateurs de texte de start-up américaines fleurait bon le néocolonialisme, soyez rassuré : en Finlande, ce sont des prisonniers bien blancs qu’on paye un euro cinquante de l’heure pour entraîner des modèles linguistiques. Mais la vraie victime dans l’histoire reste le PDG de Metroc, la start-up qui eu l’idée d’avoir recours à des taulards. Comme il l’explique avec les yeux humides et la lippe qui tremble, la Finlande a un filet de sécurité sociale si généreux qu’il est difficile de trouver des gens prêts à accomplir des tâches répétitives contre quelques piécettes. Le monde est mal fait.
ArsTechnica.com. C’est un fait, Internet est un dépotoir dans lequel il est de plus en plus difficile de trouver des informations fiables. Et nous n’avons encore rien vu. Comme l’avaient prédit les futurologues, qu’on n’avait pas pris au sérieux parce qu’ils étaient vêtus d’une toge et avaient les cheveux en bataille (ce qui n’avait rien à voir avec leur état mental, ils étaient simplement trop pauvres pour se payer fringues et coiffeur comme ils bossaient dans des universités publiques), les contenus pourris générés par IA commencent à être repris par les moteurs de recherche, eux-mêmes utilisés pour entraîner les IA, au risque de provoquer une boucle de rétroaction de caca. Dernier exemple en date, l’IA de Quora, qui a décrété qu’il était possible de faire fondre un œuf, information que Google s’est empressé de reprendre.
NorthEastern.edu. « Et si on pouvait faire halluciner une voiture ? » Cette question, que le personnage de Vin Diesel se serait posée depuis longtemps si Universal Pictures avait accepté de me laisser écrire les scénarios de Fast & Furious, a traversé l’esprit de Kevin Fu, qui, malgré ce que son nom suggère, n’est pas un personnage de Fast & Furious mais chercheur en cybersécurité. Il a réussi à altérer la perception des capteurs de voitures autonomes à l’aide d’ultrasons, ce qui constitue certes une très mauvaise nouvelle pour les gens qui se soucient de sécurité sur la voie publique mais va par ailleurs ouvrir de nouvelles perspectives de carrière aux chauves-souris.
Twitter.com. « Je viens d’avoir une conversation intime et personnelle avec ChatGPT durant laquelle nous avons parlé du stress et de l’équilibre travail/vie privée. Je me suis sentie écoutée. Je n’ai jamais été chez un thérapeute mais je suppose que c’est la même chose », a posté sur Twitter une certaine Lilian Weng, dont le boulot, vous allez rire, est de réfléchir aux questions de sécurité liées à l’IA chez OpenAI. Mais cessons de persifler et soyons sérieux un instant : il est évident qu’OpenAI a un rôle à jouer dans le domaine de la santé mentale. Par exemple, la prochaine fois que vous souffrirez du syndrome de l’imposteur ou que vous aurez peur d’être sous-qualifié avant un entretien d’embauche, il vous suffira de repenser à cette bonne vieille Lilian pour immédiatement vous sentir mieux.
Les bons plans matos
Par Furolith
Clavier Roccat Magma Mini (40 €). Parce que sur les 105 touches d’un clavier standard, il y en a beaucoup dont on ne se sert jamais ou presque, les claviers au format mini (60 ou 65 %) ont beaucoup gagné en popularité ces dernières années, grâce au gain de place et de confort qu’ils apportent (plus d’espace pour la souris sur le bureau !). Le Magma Mini est un excellent ambassadeur du format, avec son prix sage et sa frappe très agréable.
Roccat Vulcan II Mini (110 €). Chez le même constructeur, on peut aussi opter pour un modèle à switchs mécaniques, moyennant finance évidemment. Les interrupteurs Titan II du Vulcan II Mini offrent un toucher linéaire très léger et réactif, particulièrement adapté au jeu.
La semaine du jeu vidéo
(×_×)⌒☆
En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Agar
L’article gratuit de la semaine : Informatique et handicap : l’accessibilité est un bricolage perpétuel. À l’instar du bonheur et de ma voisine dont j’entends les gros pieds sur le palier chaque matin lorsqu’elle sort de chez elle, la santé se reconnaît au bruit qu’elle fait en partant. C’est ce que nous raconte notre pigiste InkS qui, ayant peu à peu perdu la capacité d’utiliser ses membres supérieurs, a dû partir à la découverte des solutions offertes pour rendre l’informatique accessible et se livrer à pas mal de bricolages.
Et aussi :
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Agar
Clustertruck. Pourquoi avoir choisi de mettre en avant Clustertruck plutôt que l’une de ces autres promos incroyables ? Plutôt que Pathologic 2, l’un des jeux les mieux écrits de tous les temps ? Ou que The Forgotten City et son histoire inoubliable ? Ou bien que l’excellent et frénétique NeuroVoider ? Eh bien, parce que Clustertruck est un jeu dans lequel on empile des camions. De gros camions, là, des trente tonnes. Parfois aussi on les jette dans le vide, ou bien on les fait rebondir les uns contre les autres. Et le simple fait que des types aient eu l’idée d’en faire le gameplay de leur jeu mérite notre respect. 3,75 € (-75 %) jusqu’au 06/10.
Jusqu’à la fin du mois, le code promo « PC4EVER » offre une réduction supplémentaire sur tout le catalogue Gamesplanet aux cent premières personnes à l’utiliser avant le 15 octobre.
Et aussi :
Pathologic 2. 7,50 € (-75 %) jusqu’au 06/10.
The Forgotten City. 11,25 € (-55 %) jusqu’au 08/10.
NeuroVoider. 3,50 € (-75 %) jusqu’au 08/10.
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