L'algorithme qui n'aimait pas les pauvres
Dangers de YouTube pour la santé, entreprises de cybersécurité qui contre-attaquent et jeux à -86 %
Édito
Par Ambroise Garel
Le problème, quand on déclare vouloir rendre publics son code et ses algorithmes pour faire cool et moderne, c’est qu’un jour on se retrouve contraint de le faire. C’est ce qu’a découvert la CAF qui, après avoir fait tout son possible pour s’y opposer, a finalement été contrainte de transmettre le code source de son algorithme de notation des allocataires à la Quadrature du Net. Dans le long article que l’association consacre au sujet, on découvre de bien belles choses, notamment que la CAF associe à chaque allocataire un « score de suspicion » : plus ce dernier se rapproche de sa valeur maximale, plus il y a de chances qu’un contrôle soit déclenché.
Si le fait de déléguer à un algorithme le soin d’identifier les individus les plus suspects de fraude pose en soi quelques problèmes, c’est surtout la nature des critères qui laisse songeur : être au chômage, gagner peu d’argent, consacrer une part importante de ses revenus à son loyer, habiter dans un quartier défavorisé sont autant de critères qui augmentent les risques d’être classé parmi les fraudeurs potentiels. Ce qui, en plus d’être idiot (ces critères sont évidemment corrélés : plus on est pauvre, plus on a de chance de consacrer une grosse part de ses revenus à son loyer et d’habiter dans un coin pourri), montre que l’algo, en dépit des dénégations de la CAF, repose majoritairement sur la situation financière des allocataires.
Comme l’explique très bien la Quadrature, ce choix discutable devient très compréhensible lorsqu’on se dit que l’algorithme ne vise pas tant à détecter les cas de fraude (difficiles à détecter et encore plus à prouver, car il faut s’assurer de l’intention du fraudeur) que les trop-perçus, lesquels sont le plus souvent involontaires et majoritairement le fait de personnes en difficulté. Et de nous rappeler que ce genre d’algorithme de surveillance, dépourvu de jugement, ne fait finalement jamais que détecter les personnes qui s’écartent de la norme définie par ses concepteurs.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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FondationDescartes.org. D’après une étude de la fondation Descartes, que j’imagine peuplée de gens qui passent leurs journées à ne rien glander à part regarder les manteaux des gens dans la rue et des morceaux de cire qui fondent, s’informer régulièrement sur des sujets de santé sur YouTube ou TikTok est corrélé à de moins bonnes connaissances médicales, au refus vaccinal et à un goût pour les thérapies alternatives pouvant conduire à un risque d’abandon de soins, ce qui ne surprendra pas grand monde, moi-même après avoir maté cinq minutes de vidéos TikTok j’ai envie qu’on me laisse mourir.
SellCell.com. À en croire un sondage réalisé par SellCell, site de vente de téléphones portables dont le nom fait la joie des amateurs d’homophones depuis 2008, 54 % des gens préfèrent passer du temps sur leur smartphone qu’avec leur partenaire, 49 % regardent leur téléphone pendant un rendez-vous galant et 12 % ont déjà regardé leur téléphone pendant un moment d’intimité avec leur partenaire. Et si vous imaginez naïvement que cela devait être à l’occasion de notifications importantes arrivées tandis qu’ils échangeaient quelques chastes caresses, préparez-vous à déchanter (et à vous demander comment notre espèce parvient encore à se reproduire) en découvrant grâce à Vice que pas du tout, les gens regardent carrément leur téléphone en faisant l’amour.
LeMonde.fr. Si vous habitez dans un désert médical, vous serez heureux d’apprendre que le solutionnisme technologique est une fois de plus parvenu à venir à bout d’un problème humain, puisque la SNCF compte installer des « espaces de télémédecine » dans trois cents gares de régions en déficit de médecins (mais encore pourvues d’une gare). Bien sûr, les syndicats médicaux ont tapé sur la table avec leur petit marteau à réflexes, expliquant qu’« il ne peut y avoir de bonne médecine faite de consommation presse-bouton à distance d’un médecin qui ne connaît pas le patient ». C’est vrai, même si un Amélie Poulain 2 dans lequel Audrey Tautou tomberait sur les clichés malheureux de gens qui, confondant Photomaton et espace de téléconsultation, ont cru présenter leur furoncle à un médecin, avait du potentiel.
Mashable.com. Je plains de tout mon cœur les historiens du futur. Non seulement parce qu’ils auront à apprendre beaucoup plus d’Histoire que ceux d’aujourd’hui, cette dernière ayant par nature tendance à s’accumuler, mais surtout parce qu’ils devront étudier les archives de notre époque, qui leur sembleront complètement incompréhensibles. Par exemple celles du piratage de l’Idaho National Laboratory, laboratoire atomique dont les fichiers RH ont été volés par le groupe SiegeSec, lequel a posté un message de revendication rempli de miaulements et de blagues sur la fabrication de catgirls mutantes.
TheGuardian.com. Pour finir, quelques nouvelles de l’Internet de demain, celui dans lequel l’IA sera chargée de répondre à toutes nos interrogations. Par exemple « Est-ce que l’Australie existe ? », question légitime à laquelle l’IA de Bing, qui a encore plus de mal que l’internaute moyen à faire la part des choses entre information et théorie du complot toute claquée, répondait par la négative avant que les ingénieurs de Microsoft déploient un correctif la semaine dernière.
Les bons plans matos
Par Furolith
Clavier Corsair K55 RGB Pro XT (73 €). Une référence incontournable parmi les claviers de jeu à « pas cher », ici en version XT pleine de LED RGB programmables de bon aloi. C’est un clavier à membrane (impossible de trouver du bon mécanique à ce prix), mais la frappe et la qualité de fabrication sont plus que satisfaisantes.
Cherry KC 6000 Slim (53 €). Dans un genre plus bureautique, voici un design bien moins tape-à-l’œil et une conception ultra-fine mieux adaptée à la saisie de texte. Bien moins cher que certains claviers de « grandes » marques, mais de tout aussi bonne qualité.
La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : La presse indépendante de jeu vidéo cherche à renaître. « Quel avenir pour la presse indépendante de jeu vidéo ? » n’est pas seulement le cri que poussent chaque soir les rédacteurs de Canard PC, accoudés au zinc d’un rade sordide, en éclusant leur dixième whisky. C’est une question tout à fait légitime à l’heure où, en France comme à l’étranger, de nombreux journalistes tentent d’inventer de nouveaux modèles.
Et aussi :
Dossier : Quand les développeurs indépendants s’inspirent de la France
Dossier : Dans le monde étrange des creepypastas Super Mario 64
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
Sur Gamesplanet, qui n’a peur de rien et surtout pas d’être en avance, les soldes de Noël ont déjà commencé ! Chaque semaine, une nouvelle vague de jeux à prix cassés sera offerte sur la page dédiée et Le Pavé numérique vous proposera sa sélection.
Et pour encore davantage de réductions, les cent premières personnes à utiliser le code promo « PAPACANARD » avant le 25 décembre auront droit à une ristourne supplémentaire valable sur tout le catalogue Gamesplanet.
Notre sélection pour la semaine du 27 novembre au 3 décembre :
Age of Empires IV: Anniversary Edition. 16,99 € (-58 %)
LEGO Star Wars: The Skywalker Saga. 13,99 € (-72 %)
Back 4 Blood. 8,50 € (-86 %)
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À lire dans la partie premium
Les chroniques qui suivent sont réservées à nos abonnés payants.
➫ Bit Brother : Hack back : le cyber est pavé de bonnes intentions
➫ Billevesées du Web : Israël/Palestine : une guerre douteuse sur TikTok
➫ À quoi jouer ce week-end ?
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