Le droit de battre shitcoin
Lisez jusqu'à la fin pour une leçon de science générée par IA et des catalogues entiers de jeux en promotion
Édito
Par Ambroise Garel
Je me dis souvent qu'il serait chouette que Diderot, revenu d'entre les morts, débarque dans mon bureau, où je lui montrerais Wikipédia. Passée la sidération provoquée par sa brusque résurrection puis par l'exposition à une technologie qui échappe totalement à tous les référentiels dont dispose son esprit, il serait probablement très enthousiaste et me demanderait comment fonctionne pareille technologie que j'utilise au quotidien. Ce à quoi je répondrais « mwwehhh, euh, c'est des paquets de données TCP/IP qui, euh... c'est magique ! », réponse qui ne saurait satisfaire un homme des Lumières.
De la même façon, je me demande comment j'expliquerais à Adam Smith ce qui s'est passé ce week-end. Mettons de côté la partie préliminaire, où je devrais expliquer à l'auteur de La Richesse des nations ce qu'est un memecoin (comptez un jour ou deux), pour nous concentrer sur le cœur de cette histoire, à peine croyable : en lançant ce memecoin dont la capitalisation a immédiatement explosé, Donald Trump, en l’espace de même pas un week-end, aurait plus que décuplé sa richesse.
C’est bien sûr plus complexe que cela : comme l’explique très bien la spécialiste des cryptos Molly White, multiplier la valeur d’un trumpcoin, à son cours actuel, par le nombre total de tokens (dont 80 % des tokens n’ont pas encore été émis et restent sous le contrôle de ses diverses holdings) n’a guère de sens. Néanmoins, en plus d’avoir créé une bulle spéculative qui a permis à des petits malins de se faire des millions en quelques heures, le trumpcoin constitue un précédent aussi fascinant qu’inquiétant. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un outil permettant de transformer, littéralement, le pouvoir en or. Mais surtout parce qu’avec son coin, Trump a fait entrer la corruption dans une nouvelle ère : au cours des trois prochaines années, 24 millions de trumpcoins seront mis en vente chaque mois, donnant l’occasion à n’importe qui de déposer, là aussi littéralement, de l’argent sur le compte bancaire du président des États-Unis d’Amérique. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
Tout, en fait. Y compris pour Trump. Par l’odeur du pognon alléchée, l’équipe de Melania Trump a lancé son coin à son tour, torpillant du même coup la valeur de celui de son mari et la crédibilité des cryptomonnaies. Si même les sites procrypto et les cryptobros le disent, il reste des raisons d’espérer que toute cette tambouille s’effondre vite.
P.S. : En guise de grosse coda (#masculinisme) à cet édito, un petit mot sur le salut nazi adressé par Musk à la foule durant la cérémonie d’investiture de Trump et une tentative de répondre à la question qui me hante : pourquoi a-t-il fait ça ?
Non que je doute que Musk ait des sympathies nazies (qui peut encore oser le nier après sa conversation avec Alice Weidel ?) ou que je me demande s’il s’agissait bien d’un salut hitlérien (là aussi, il paraît difficile d’en douter). Mais parce que je reste convaincu que, même sous une administration Trump et dans le contexte géopolitique qu’on connaît, faire un salut nazi devant les caméras du monde entier reste un move stupide, auquel aucun idéologue d’extrême-droite « sérieux » ne se serait risqué.
Mais Musk n’est pas un idéologue ordinaire. C’est avant tout un troll. Et pour le troll, issu de 4chan, du Gamergate et de toute cette culture de la provoc’ et de l’ironie trash où la souffrance de l’autre est toujours plus ou moins réductible à une blague, la seule question est celle des limites. Plus les modérateurs sont coulants, plus il se permet de choses. Et là, sur scène, devant une foule galvanisée, alors que Trump a gagné, que la victoire idéologique semble totale, qu’aucun pisse-froid de démocrate ne risque de lui taper sur les doigts, mods are asleep. Alors il se lâche.
Peut-être est-ce un bon résumé de ce vers quoi nous allons : un monde où personne, sur les plateformes comme ailleurs, n’est là pour modérer le défoulement pulsionnel des trolls.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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Gizmodo.com. Le CES 2025, qui quoi qu’il prétende et malgré les millions dépensés ne sera jamais qu’un Concours Lépine dans le désert, a été riche en inventions zinzins cette année, mais aucune n’avait le potentiel horrifique de Saros Z70. Derrière ce nom guttural qui ressemble à celui d’un film avec Sean Connery en slip se cache un bête Roomba, mais équipé d’un bras préhensile « pour ramasser les machins qui traînent par terre et les mettre à la poubelle ». Passons sur le fait que si vous jetez directement les ordures par terre chez vous, vous avez des problèmes plus urgents que l’acquisition d’un robot ménager, et concentrons-nous plutôt sur l’essentiel : cette chose est une abomination. Et la petite vidéo de Gizmodo, plus terrifiante que celles des chiens robots de Boston Dynamics, nous prouve que le pouce opposable devrait rester une prérogative de l’être humain (et de l’opossum).
LeMonde.fr. Jadis, le métier d’espion demandait une santé de fer. Il fallait passer ses journées à boire du whisky et à fumer des cigares, tout en repoussant les avances des femmes fatales que des puissances hostiles envoyaient par dizaines pour vous arracher des confessions sur l’oreiller. Aujourd’hui, il est à la portée de tous et peut être pratiqué de chez soi, en passant la moitié de son temps à glander sur les forums du jeu Warthunder et l’autre à suivre des gens sur l’application sportive Strava, où les sous-mariniers de retour de mission postent leurs trajets de jogging, ce qui permet de connaître les dates de leurs patrouilles.
Les bons plans matos
Souris sans fil Razer Viper V3 Pro (170 €). Lancée il y a quelques semaines, la Viper V3 Pro est tout simplement la meilleure souris pour jeu de tir existante, pour sa précision et sa réactivité inégalées. Forcément ça se paye, mais on en a pour son argent.
Logitech G Pro X Superlight 1 (90 €). La Superlight a beau avoir été remplacée l’an dernier par la Superlight 2, elle reste une excellente souris de jeu compétitif, dont les performances ne sont pas si loin derrière celles de la Viper. Son seul véritable défaut : le connecteur de recharge au format micro-USB, un peu suranné, plutôt qu’USB-C.
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La semaine du jeu vidéo
(눈_눈)
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Notre sélection d’articles
L’article gratuit de la semaine : Au coin du jeu — Retour critique sur mes chroniques 2024 et prévisions claquées pour 2025
Et aussi :
Les bons plans GamesPlanet
Notre sélection jeux vidéo
Le code promo « CANARDPC » offre une réduction supplémentaire sur l’ensemble du catalogue GamesPlanet aux 300 premières personnes qui l’utiliseront.
Quelques suggestions :
Promotion sur tout le catalogue Bandai (Tekken, Little Nightmares…)
Sauf mention contraire, toutes les promos GamesPlanet sont livrées sous forme de clé Steam.
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Le contenu de la semaine
Fraîchement cueilli dans les fermes de contenu d’Internet
Certes, elle aura cramé la planète, mis tout le monde au chômage et donné le pouvoir à une broligarchie sans scrupules, mais l’IA aura au moins eu une vertu : celle de repousser la limite du shitpost scientifique avec ses diagrammes pétés et sa certitude qu’il n’y a que 1024 étoiles dans le ciel.
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