Le trésor de guerre de l'IA
L'ex-PDG de Google fabrique des drones kamikazes et les Japonais des robots comestibles, mais toujours des jeux à -80%
Édito
Par Ambroise Garel
Chaque culture a ses rites de passage à l’âge adulte, son moment fondateur au terme duquel l’enfant est accepté dans le monde des adultes, parfois anodin (Seijin shiki, bar-mitsvah), parfois violent et dangereux (partir chasser en solitaire dans la jungle, trouver une place en fac sur Parcoursup). De nos jours, ce qui distingue l’homme du garçonnet est le moment où il cesse d’acheter des cartes graphiques nVidia et choisit plutôt d’investir dans des actions nVidia. Au terme de la cérémonie, il ressort blindé de thunes car, poussée par la course à l’IA et la demande monstrueuse de processeurs H100, la valeur des actions du fabricant de GPU a plus que doublé en un an, la capitalisation boursière de l’entreprise dépassant désormais le billon de dollars.
Ça vous semble beaucoup ? Vous n’avez encore rien vu. Sam Altman, le toujours raisonnable président d’OpenAI, a annoncé récemment rechercher non pas un, ni deux, ni trois mais « entre cinq et sept » billions de dollars (je l’écris en chiffres pour vous aider à réaliser : 7 000 000 000 000 dollars) d’investissement pour venir à bout de la pénurie de composants qui (avec la consommation énergétique hors de contrôle) ralentit le développement de l’IA. Sa solution : bâtir toute une infrastructure de production et de déploiement de processeurs destinés à la cause, ce qui bien sûr coûterait un pognon de dingue, voire de frappadingue.
Comme l’ont fait remarquer les persifleurs qui traînent en nombre sur les réseaux sociaux, le montant demandé par Altman (rappelons qu’on parle d’investissement et pas de capitalisation) permettrait, inflation prise en compte, la réalisation de 260 fois le projet Manhattan, la construction de 70 stations spatiales internationales ou encore 22 fois la totalité du programme Apollo. Ce qui signifie ou bien qu’Altman a perdu contact avec la réalité et que jamais personne n’acceptera de lui filer autant d’argent, ou bien — et ce serait encore plus inquiétant — que la folie collective autour de l’IA a atteint un tel niveau qu’on est prêt à lui sacrifier l’équivalent de deux à trois ans du PIB français. Or je vous le dis : une civilisation qui claque une somme pareille dans des chatbots 2.0 alors qu’elle pourrait l’utiliser pour concevoir 260 armes de destruction massive est une civilisation qui a perdu le sens des priorités.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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Heatmap.news. « Imaginez une carte routière qui vous donnerait des conseils sur la façon dont vous devez mener votre vie » est le genre de pitch qui, il y a encore vingt ans, aurait valu à un auteur de SF de se faire expulser manu militari du bureau de son éditeur. C’est pourtant aujourd’hui une réalité : Google Maps nous encourage discrètement à utiliser des transports moins polluants, comme l’explique Yael Maguire, vice-président chargé du développement durable chez Google Geo.
InterestingEngineering.com. Dans le plus grand secret, Eric Schmidt, ex-PDG de Google, a monté une startup destinée à fabriquer des drones kamikazes. Son objectif est de produire des appareils à bas coût (400 dollars), qui utiliseront l’IA pour le repérage et l’identification des cibles, dans le but d’aider l’Ukraine mais aussi de concurrencer les Chinois sur le marché des drones militaires, car en matière de géopolitique il est toujours bon de joindre l’utile à l’utile. Sans bien sûr oublier l’agréable : la nouvelle petite entreprise de Schmidt porte le joli nom de White Stork (« cigogne blanche »), en hommage à l’animal qui largue des bébés sur les blindés ennemis dans les zones de conflit.
MediaMatters.org. Lassés d’utiliser l’IA pour déshabiller les femmes ou créer des deepfakes pornos (d’autant que la riposte commence à s’organiser), les gobelins qui hantent la section /pol/ (« politiquement incorrect ») de 4chan ont eu une nouvelle idée : utiliser l’IA pour les rhabiller. Réunis derrière le hashtag #dignifAI, ces fakes « chastes » visent à dénoncer le « mode de vie dévergondé » des femmes qui osent poster des photos d’elles en petite tenue, voire avec des piercings ou des tatouages, je vous laisse imaginer l’horreur. Si on a envie de rire de l’absurdité du projet (et surtout de faire tourner en boucle sur la même photo un algo déshabilleur et un algo rhabilleur pendant plusieurs heures, juste pour voir le résultat), il faut toutefois reconnaître un grand mérite à ce qui, de prime abord, n’est qu’une version automatisée de la tendance « tradwife ». En montrant le même intérêt pour le déshabillage des femmes chastes que pour le rhabillage de celles qui ne le sont pas, /pol/ a, pour la première fois, avoué ouvertement ce que tout le monde savait déjà : que les deepfakes et autres photomontages pornos n’ont jamais rien eu à voir avec le désir de fantasmer des corps nus, et tout avec celui de contrôler le corps et l’apparence des femmes dans l’espace public.
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Les bons plans matos
Par Furolith
Hub USB-C Ugreen 7-en-1 (40 €). Pour un ordinateur ultraportable, un Steam Deck ou même pourquoi pas un smartphone, un hub USB-C est le genre d’accessoire qui peut toujours s’avérer utile au moment le plus inattendu. Ce modèle est un bon compromis entre simplicité et générosité de la connectique. Cochez bien la case « coupon » pour bénéficier du prix indiqué.
Station d’accueil USB-C Selore&S-Global 13-en-1 (54 €). Quand on quitte le terrain du « hub » pour entrer sur celui de la « station d’accueil », on passe à des objets sensiblement plus encombrants (et donc plutôt destinés à rester en position fixe sur un bureau), mais aussi beaucoup plus exhaustifs. Avec ses 3 sorties vidéo et ses 7 ports USB, celui-ci devrait couvrir à peu près tous les usages imaginables.
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La semaine du jeu vidéo
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Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : Mille heures au sein de la communauté des survivalistes de DayZ. Parfois je me dis qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, surtout en cette saison où il faut déjà une bonne minute pour le trouver dans le ciel. Puis je découvre cet article sur Knit’s Island, un documentaire qui sortira en salle le 17 avril, entièrement tourné dans les communautés de survivalistes virtuels de DayZ, que l’équipe de tournage, caméra en main et référence à Werner Herzog en poche, a suivi pendant près d’un millier d’heures.
Et aussi :
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
Street Fighter 6. Faire le tour du monde, traverser tous les pays, découvrir toutes les cultures et péter la gueule de tous les gens qu’on croise. Ce rêve vieux comme l’humanité, qui ne pouvait jadis être réalisé qu’en s’engageant dans l’armée ou en ayant recours à des agences de voyage interlopes, est désormais à la portée de tous grâce à Street Fighter 6, le seul jeu de baston dans lequel on casse des mâchoires en apprenant la géographie. 35,99 € (-40 %) jusqu’au 18/02.
Jusqu’à la fin du mois, le code promo « 3615AMOUR » offrira une réduction supplémentaire sur tous les jeux en promotion dans le catalogue Gamesplanet.
Et aussi :
Red Dead Redemption 2. 23,99 € (-60 %) jusqu’au 19/02
Ducktales Remastered. 2,80 € (-80 %) jusqu’au 18/02
Dark Souls 3. 26,99 € (-55 %) jusqu’au 22/02
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➫ Le dessous des cartes à puces : Des puces et des Russes
➫ Dans la fleur de l’edge : Il n’y a pas de honte à manger ce qui est bon
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