Le vieil homme et la tech
Elon Musk se tire encore une balle dans le pied, réalité virtuelle efficace contre la douleur réelle et centaines de jeux en promo
Édito
Par Ambroise Garel
Sans aller jusqu’à dire que je mériterais une allocation infirmité ou autre réduction de charges réservée aux personnes difficilement employables, je dois le reconnaître : écrire sur la tech à quarante ans passés, c’est bosser avec un sérieux handicap. Aussi extremely online soit-on, et capable de rire aux blagues les plus obscures du weird Twitter, on ne pourra jamais pleinement saisir les usages des nouvelles générations, dont une grande partie passera nécessairement sous son radar. « Vieillir, c’est vivre dans un monde qui vous est de plus en plus étranger », écrivait je ne sais plus qui (probablement un vieux), où l’on commente des tweets qui font deux cent mille vues pendant qu’on ignore jusqu’à l’existence de tiktoks qui en font cinq cents millions.
De ce point de vue, la dernière étude de l’Ofcom (l’équivalent britannique de l’Arcom, preuve qu’on peut vivre sur deux rives différentes de la Manche mais avoir aussi peu d’imagination l’un que l’autre en matière d’acronymes), est bougrement révélatrice. On y apprend que 79 % des jeunes Anglais âgés de 13 à 17 ans ont déjà utilisé des outils de génération par IA comme ChatGPT. Un chiffre extrêmement élevé, surtout lorsqu’on sait qu’il tombe à 31 % chez les adultes — un taux d’usage inférieur à celui des 7-12 ans, qui sont 40 % à s’en être déjà servis.
Bien sûr, lorsqu’on s’intéresse aux applications clairement destinées aux jeunes, les chiffres sont encore plus impressionnants : 51 % des 7-17 ans utilisent MyAI de Snapchat, et même 75 % des filles de cette tranche d’âge. Mais même une IA « multifonctions » comme ChatGPT est davantage utilisée par les très jeunes : si 23 % des 16 ans et plus l’utilisent, le chiffre monte à 34 % chez les garçons âgés de 7 à 17 ans. Quant à l’usage qui est fait de ces IA, eh bien, on y trouve à peu près tous les pans de l’existence humaine : le divertissement (58 %), la recherche d’informations (36 %), le travail (33 %), les études (25 %) et même la demande de conseils (22 %).
En découvrant cette étude, j’ai eu l’impression que mon âge avancé m’avait rendu myope — chose surprenante, tant la sénescence a plutôt tendance à rendre presbyte. Tandis qu’autour de moi l’usage de l’IA reste anecdotique, cantonné à des nerds et des bricoleurs qui y voient un gadget amusant, toute une génération s’approprie un nouvel outil vieux de même pas deux ans et qui, comme Internet en son temps, va radicalement changer tous les aspects de leur vie. Eux, en tout cas, en sont conscients : les deux tiers des 16-24 ans, tranche d’âge la plus friande d’IA, s’inquiètent des conséquences de cette technologie sur la société.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
¯\(◉◡◔)/¯
BBC.com. Invité au DealBook Summit, une conférence prout-prout du New York Times, Elon Musk a commencé par s’excuser d’avoir relayé une conspiration antisémite sur X/Twitter, espérant ainsi regagner la confiance des annonceurs dont le départ « risque de couler X ». Puis il s’est mis à les insulter et à expliquer que de toute façon il ne voulait pas de leurs pubs, ce qui peut sembler une stratégie étrange à nous autres pauvres mortels, mais n’oubliez pas que Musk est un négociateur de génie adepte du billard à cinq bandes, avec des boules carrées.
FranceTVInfo.fr. Si vous devez prochainement vous faire opérer du côté de Bordeaux (oui, c’est très spécifique, mais on ne sait jamais, cela concerne forcément quelqu’un parmi les dizaines de milliards de lecteurs du Pavé numérique), vous pourrez peut-être bénéficier de la dernière invention de la start-up périgourdine Relax : des lunettes « immersives » qui diffusent des images d’animaux et des sons apaisants afin de faire baisser le niveau de stress des patients. Les premiers résultats sont très encourageants, ce qui m’étonne quand même un peu car si on me plaçait sur un brancard en me faisant regarder des images de l’océan sur une musique new age, je ferais immédiatement une crise d’angoisse, persuadé qu’on s’apprête à m’euthanasier¹.
TheVerge.com. Telle la solide grand-mère qui, parce que « faut pas que ça se perde », vous ressert encore six jours plus tard des restes de pot-au-feu avarié, Microsoft compte bien rentabiliser son investissement dans l’IA en en mettant absolument partout. Dernière victime en date, la version Windows 11 de Paint, l’honnête programme de dessin sur lequel des générations d’enfants et d’employés désœuvrés ont gribouillé des machins tout moches. Désormais aidé de l’IA Copilot, il est capable de générer en un clic l’image de votre choix. Le résultat est malheureusement très générique, ce qui est un peu dommage : une IA entièrement entraînée sur des barbouillages réalisés avec Microsoft Paint aurait eu du potentiel.
972mag.com. Le site d’info indépendant +972 nous l’apprend dans une longue et terrifiante enquête : Israël utilise un algorithme IA du nom d’Habsora (« L’Évangile ») pour coordonner sa campagne de frappes contre Gaza. Munitions nécessaires, statistiques sur la localisation possible des objectifs, pertes civiles tolérables, autant de paramètres utilisés par l’algorithme pour optimiser les rotations des avions et l’intensité des bombardements. Habsora serait ainsi capable de fournir cent cibles par jour à l’armée de l’air israélienne, là où le renseignement traditionnel plafonne à cinquante. Et on se sent un peu bête d’avoir pensé fut un temps que les chiens-robots de Boston Dynamics étaient ce que la technologie militaire nous réservait de pire.
Plateformer.news. Finissons sur une note plus gaie avec notre rubrique hebdomadaire « une nouvelle IA fait n’importe quoi ». Cette semaine, c’est Q, le chatbot d’Amazon destiné aux entreprises, qui se révélerait moins fiable que prévu. La bête serait victime d’« hallucinations sévères » et souffrirait d’une tendance à « faire fuiter des données confidentielles », un peu comme Josette des RH quand elle a abusé du punch arrangé.
1. À ce sujet (celui des antalgiques numériques, pas de mon euthanasie), voir aussi la chronique de Lexie Glass dans la partie premium de cette newsletter.
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Les bons plans matos
Par Furolith
Souris sans fil Logitech G Pro Superlight (100 €). La G Pro Superlight est une référence dans sa catégorie, à savoir, comme son nom l'indique, celle des souris ultra-légères. Son poids de 62 g la rend extraordinairement confortable, ce qui s'apprécie non seulement en jeu mais aussi en bureautique.
HyperX Pulsefire Haste (57 €). Dans le même genre, mais avec un fil. Ça fait forcément un peu moins propre sur le bureau, mais ça n'entrave pas le confort, puisque ledit fil est lui-même très léger et souple.
La semaine du jeu vidéo
...ヽ( ´_つ`)ノ ?
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Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : AutoHotkey, le redresseur de jeu vidéo. Parmi toutes les merveilles que Canard PC a à offrir, cette semaine, nos lecteurs ont choisi de rendre gratuit un article sur un aride utilitaire qui permet de reconfigurer les touches de son clavier à l’aide d’un langage de script abscons. En temps normal, je les aurais traités de gros nerds à qui on n’a pas assez volé leur goûter dans la cour de récré. Mais l’utilitaire en question est AutoHotkey et il faut avouer que c’est un outil incroyablement utile, quel que soit l’usage que l’on ait de son ordinateur. Pour cette raison, je leur pardonne. À moins que ce ne soit parce que je suis moi-même un gros nerd à qui on n’a pas assez volé son goûter dans la cour de récré.
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Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
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