On ne peut même plus faire confiance aux influenceuses nazies
Un téléfilm réalisé par IA, des sectes 2.0 sur Internet (avec leur bible sur GitHub) et des centaines de jeux en promo
Édito
Par Ambroise Garel
Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire où, contraint et forcé, je contemple nuit et jour le pire d’Internet, plus rien ne devrait me surprendre. Pourtant, je dois l’avouer, jamais ne j’aurais imaginé que, quelque part sur TikTok, postaient de faux membres de la famille Le Pen. C’est pourtant le cas, comme le révèle une enquête de la Radio télévision suisse, qui nous apprend qu’une certaine Amandine Le Pen, nièce totalement virtuelle de Marine, dispose (ou plutôt disposait, le compte ayant été supprimé suite à l’article de la RTS) d’un compte TikTok cumulant des millions de vues.
On y trouvait des vidéos d’elle, entièrement réalisées par deepfake, la montrant en train de skier, de partir en week-end ou de faire du sport, parfois assorties de messages en soutien à sa « tante » ou à Jordan Bardella, ou encore de blagues racistes. Mais également d’un lien vers une page qui permettait de lui faire des dons. Et c’est là que ça devient intéressant.
Car on est tenté, spontanément, de penser que cette fausse Le Pen est une opération militante, lancée par un sympathisant. Ou, pourquoi pas, par une officine disposant de l’argent (et surtout du temps, car ça ne coûte pas très cher) nécessaire pour générer plusieurs de ces profils : le cas d’Amandine Le Pen n’a en effet rien d’isolé puisqu’on trouve sur TikTok une flopée de fausses influenceuses créées sur le même modèle (certains étant suggérés par Amandine elle-même), dont une Chloé Le Pen et une Lena Maréchal.
Mais le relativement faible nombre de bots, ainsi que la présence d’incitations à lâcher un billet rendent moins probable la thèse de l’opération d’influence. Ce que semble confirmer le propriétaire du compte « Lena Maréchal » qui, contacté par BFM, affirme que sa démarche n’avait « rien de politique » et visait à « démontrer les dangers de la désinformation ». En entendant ça, et sachant que la mention « contenu réalisé par IA » n’a été ajouté à la bio de ces comptes qu’après la publication de l’article de la RTS, on rigole quand même un peu. Quant à l’idée qu’un faux compte plein de blagues racistes n’aurait rien de politique, on rigole quand même beaucoup.
Néanmoins, le doute persiste. Ces comptes sont-ils l’œuvre d’authentiques militants, qui chercheraient par exemple à rendre l’extrême droite plus acceptable en la présentant sous les traits de jolies jeunes femmes ? C’est possible. Tout comme il est possible que, conscients qu’il existe un vaste réservoir de jeunes hommes d’extrême droite prêts à lâcher des thunes à des blondes qui partagent leurs idées politiques (certaines, bien réelles, en ont d’ailleurs fait leur business model), de petits malins aient vu là un moyen facile de grappiller quelques sous.
Mais ce genre de question est déjà presque dépassée : s’il y a bien sûr des cas où l’intention est claire, il est souvent difficile de distinguer fakes réalisés pour désinformer, pour troller ou simplement pour faire des vues avec un contenu « choc » — les trois motivations n’étant d’ailleurs pas incompatibles. Le fait est que le deepfake, dans tous les cas, est un outil efficace : une fausse Le Pen jeune et jolie, ou un discours de Macron annonçant une mesure impopulaire qui va générer du hateclick, sont des contenus assurés de cartonner auprès d’un certain public. Dans le Colisée que sont les réseaux sociaux, c’est finalement la seule chose qui compte. La vérité et le politique, en somme, ne sont que des victimes collatérales.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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YouTube.com. Si vous ne savez pas quoi regarder ces temps-ci, eh bien vous ne saurez toujours pas quoi regarder après avoir appris que le fabricant de télés TCL allait lancer son propre studio de production de contenus : TCLtv. « Un fabricant de télés qui produit lui-même le contenu qu’il met dans ses télés ? C’est incroyable ! », pensez-vous peut-être si vous faites partie de nos 10 % de lecteurs qui s’étonnent facilement. Encore plus incroyable que vous le pensez, puisque leur première réalisation, Next Stop Paris, est un téléfilm d’amour entièrement réalisé par IA. La bande-annonce, qui évoque un contenu à mi-chemin entre roman-photo et aquarelle dont on aurait poussé le niveau de contraste à 300 %, mérite d’être vue une fois, ne serait-ce qu’à titre de mise en garde, un peu comme ces trompettes dans le Livre de l’Apocalypse.
Fortune.com. Commander dans un fast-food reste une opération compliquée. Ou bien il faut parler à un autre être humain, ce qui est toujours désagréable, ou bien il faut toucher l’un de ces écrans tactiles géants sur lesquels des dizaines de personnes ont déjà collé leurs gros doigts pleins de crottes de nez. Heureusement, une entreprise new-yorkaise du nom de Happy Cashier offre une troisième option qui réunit le pire des deux autres : parler, par écran interposé, à un caissier virtuel qui bosse depuis les Philippines pour 2,50 dollars de l’heure. Déjà utilisé par quelques restaurants pilotes à New York, le système, nous apprend le fondateur de Happy Cashier, veut offrir à ses clients « bonheur et croissance durable ». Un peu comme la nourriture des fast-foods, remarquez.
TheVerge.com. Pendant ce temps, au Texas, les professeurs ne sont pas remplacés par des Philippins mais par une IA, qui sera désormais en charge de la correction de certaines copies. Rassurez-vous, tout va bien se passer puisque l’IA demandera l’aide d’un professeur si elle a du mal à comprendre quelque chose (le genre de chose qu’une IA est, c’est bien connu, tout à fait capable de juger de façon fiable) et qu’un quart des copies seront re-notées par un correcteur humain (ce qui laisse imaginer de beaux recours en justice de la part des gens qui n’auront pas eu cette chance et se plaindront d’un traitement inégal). On pourrait bien sûr déplorer le peu d’estime dans lequel le travail des professeurs est traité pour qu’ils soient ainsi remplacés par des machines, mais il faut aussi voir le bon côté des choses : les pauvres passent déjà la moitié de leur temps à corriger des copies générées par ChatGPT, autant les libérer de ce fardeau et automatiser toute la chaîne.
Les bons plans matos
Par Furolith
Liseuse Kindle Paperwhite (130 €). Une des liseuses à encre électronique les plus populaires du catalogue d’Amazon, la Kindle Paperwhite, a notamment pour elle son rétroéclairage à température de couleur variable (du blanc froid au blanc chaud), pour assurer une lecture parfaitement confortable dans toutes les conditions d’éclairage.
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Les liens ajoutés à cette sélection peuvent nous valoir une commission.
La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : La mode est au blanc. Peut-être, comme la plupart d’entre nous, avez-vous un PC de couleur noire ou grise car, trop occupé à cueillir les fruits de chaque jour, vous ne vous êtes jamais vraiment soucié de la teinte de votre matériel informatique. Eh bien, sachez que vous avez tort et que vous vivez de façon ringarde, pour ne pas dire provinciale : aujourd’hui, en matière d’informatique, la mode est au blanc, comme notre chroniqueur lifestyle va vous le démontrer.
Et aussi :
Au coin du jeu : Qui veut d’une console mid-gen ?
Test : Broken Roads
Test : No Plan B
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
Du vendredi 19 au dimanche 28 avril, ce sont les soldes de printemps chez Gamesplanet, avec chaque jour à 10h de nouveaux jeux à prix cassés. Pour vous aider à faire votre choix, nous avons sélectionné deux titres pour chaque jour de promotion.
Par ailleurs, le code promo « CANARDPC » offrira aux deux cents premières personnes qui l’utiliseront une réduction supplémentaire sur tous les jeux soldés.
Notre sélection, jour par jour :
Vendredi 19 avril : Starfield (42 €, -39 %) et Disco Elysium - The Final Cut (9,50 €, -76 %)
Samedi 20 avril : Inkulinati (11,50 €, -54 %) et RoboCop: Rogue City (27,99 €, -44 %)
Dimanche 21 avril : Warhammer 40,000: Rogue Trader (39,99 €, -20 %) et DOOM Eternal (9,49 €, -76 %)
Lundi 22 avril : Cities: Skylines (8,40 €, -70 %) et Fallout: New Vegas (6,25 €, -69 %)
Mardi 23 avril : Mad Max (4,19 €, -79 %) et Stellaris (11,99 €, -70 %)
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