Pas de pays pour le vieux média
Collier connecté qui vous espionne en permanence, usage politique des mèmes et jeux à -80 %
Édito
Par Agar
Si vous traînez encore sur Twitter, vous avez sans doute remarqué que les liens externes se résument désormais à une grosse image assortie du nom du site. Au mépris de ce que les gens qui savent appellent le protocole OpenGraph (et les autres, « le petit carré là avec les infos »), plus aucune mention du titre ou de la nature de la page vers laquelle renvoie le lien. Résultat, non seulement une bonne moitié des tweets comprenant un lien sont devenus incompréhensibles du jour au lendemain (avec parfois des résultats hilarants), mais leur vignette façon lien clickbait de bas d’article les rend impossibles à distinguer du nouveau format de pub que tente d’introduire la plateforme. C’est peut-être le but, tout comme il est probable que Musk tente de rendre les liens externes le moins attrayant possible afin d’encourager les gens à publier leur contenu directement sur sa plateforme.
Mais il y a une autre hypothèse. La modification, décidée au terme d’une semaine où Musk a passé son temps à râler sur les « vieux médias », pénalise en effet particulièrement les journalistes et autres organes de presse, qui utilisent Twitter pour partager leurs propres articles. Pire, l’actualité tragique de ce week-end a été l’occasion de réaliser que Twitter, jusque-là outil extraordinaire pour suivre l’actualité en particulier pendant les crises, n’est plus que l’ombre de lui-même. Et ça n’est pas parti pour s’arranger.
Là où cette histoire devient intéressante (et dépasse le simple cas de Musk qui commence à me fatiguer autant que vous, soyez-en assurés), c’est quand on sait que le boss d’Instagram, Adam Mosseri, a expliqué ne pas vouloir faire de Threads un endroit où l’on cause d’actualité, estimant que les discussions « sérieuses » ne génèrent ni assez d’engagement ni assez de revenus pour valoir l’effort qu’elles coûtent en modération. Un point de vue certes attendu venant de Meta (Facebook tente de limiter la part d’informations dans son flux depuis longtemps et Instagram, euh… est Instagram) mais tout de même inquiétant venant d’une nouvelle plateforme qui, de par sa base d’utilisateurs potentielle, aurait eu une carte à jouer pour remplacer Twitter dans son rôle de fil d’actu universel.
Contre toute attente, c’est l’outsider Bluesky, infiniment plus petit et jusque-là surtout prisé des shitposters et autres individus extremely online (ainsi que des militants LGBT+, qui ont été parmi les premiers à émigrer en masse de Twitter pour des raisons évidentes), qui a tenté une opération séduction auprès des journalistes. Ces derniers n’ont désormais qu’à envoyer un mail à press@blueskyweb.xyz pour recevoir un code donnant accès à la version bêta du nouveau site et sont encouragés à y poster articles et liens. Cela suffira-t-il à faire de Bluesky un site auquel le grand public souhaitera s’inscrire ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’aucun autre site ne reprendra le rôle de téléscripteur universel qui avait échu à Twitter et que la répartition des niches entre ses successeurs s’annonce compliquée.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Agar
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LATimes.com. Pourquoi préférer dormir dans une boîte d’un mètre de large et d’un mètre vingt de haut plutôt que dans un appartement ? À cette question somme toute légitime, le Los Angeles Times apporte deux réponses. La première, sans surprise, est que les loyers sont devenus si délirants dans certains coins de Californie que ces box à la japonaise, qui y font leur apparition depuis quelques mois, sont de toute façon la seule chose que les gens peuvent se payer. La seconde, plus étonnante, est que les parties communes que partagent les résidents de ces enclos pour forçats de la tech sont « plutôt pas mal » et qu’on peut y rencontrer « plein de gens cools » comme « des créateurs d’entreprises d’IA et des hackers ». Argument de poids, car qui n’a jamais rêvé de petit-déjeuner entouré de techbros après avoir passé la nuit dans un clapier ?
Vox.com. Comme l’a cruellement appris la personne qui a piqué un tweet de Dril pour le poster sur Threads, chaque réseau social a son public, son humour et ses codes. Cela signifie bien sûr que les utilisateurs les plus dérangés ont tendance à se réunir sur les mêmes plateformes, mais aussi, nous apprend Vox, que les normes de l’oversharing varient d’une plateforme à l’autre : ce qui est jugé trop intime pour être dit sur un site sera considéré comme banal ailleurs.
Rewind.ai. Comme avaient coutume de dire les habitués du tunnel de l’Étoile, « plus c’est gros, plus ça passe ». Fidèle à leur exemple, les créateurs de la start-up Rewind.ai ont créé la première IA personnalisée « réellement nourrie de tout ce que vous avez dit, vu et entendu ». Pour en profiter, il vous faudra claquer 60 dollars dans le Rewind Pendant, un gros micro que vous devrez porter autour du cou en permanence comme une vache porte sa cloche et qui enregistrera tout ce qui se passe autour de vous, vous donnant l’impression de vivre dans un épisode de The Wire réimaginé par un auteur de SF défoncé à la codéine. Bien conscient qu’un pareil dispositif, en d’autres époques, vous aurait valu d’être exilé hors des murs de la cité, Rewind nous assure « faire passer la vie privée avant tout » et « offrir des fonctionnalités pour s’assurer que personne ne sera enregistré sans son consentement » et ma foi, voilà qui est fort convaincant.
BFMTV.com. L’avantage de s’attendre au pire, c’est qu’on ne peut être qu’agréablement surpris. Par exemple, à force de redouter le moment inévitable où les deepfakes politiques porteront un coup fatal à nos démocraties chancelantes, on en vient à trouver très rigolo que la dernière fausse vidéo en date soit une publicité bidon dans laquelle un Tom Hanks virtuel vante les mérites d’une mutuelle dentaire, même si se pose forcément la question : sans déconner, pourquoi Tom Hanks ?
Wired.com. Eux, en revanche, ne s’attendent jamais au pire : malgré un palmarès pourtant conséquent, les magnats de la Silicon Valley continuent de tomber dans tous les projets foireux montés par des arnaqueurs qui, au Texas, seraient repartis enduits de goudron et de plumes avant même d’avoir pu ouvrir la bouche. Mais pourquoi donc, s’est demandé Wired.
Les bons plans matos
Par Furolith
Casque-micro Epos GSP 600 (80 €). Il y a quelques semaines, on apprenait que la marque Epos Gaming (ex-Sennheiser) allait bientôt disparaître, et c’est bien dommage, car c’est l’un des rares constructeurs en ce bas-monde à proposer des casques-micro “gamers” vraiment intéressants. C’est peut-être donc le moment ou jamais de s’équiper de cet excellent modèle pour un prix dérisoire.
Epos + Drop PC38X (169 €). Lointain héritier du légendaire Sennheiser PC360, le PC38X est, disons-le sans fard, le meilleur casque du genre jamais lancé sur le marché, grâce à son confort extraordinaire et sa qualité audio de premier ordre.
La semaine du jeu vidéo
(눈_ლ)
En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Agar
L’article gratuit de la semaine : Pourquoi je n’arrive pas à quitter Zelda : Tears of the Kingdom. Dans une expérience qui lui vaudrait sans doute un Pulitzer si on donnait des Pulitzer pour ce genre de choses et si elle l’avait fait uniquement pour des raisons journalistiques et pas avant tout pour son plaisir, notre pigiste Yamukass a décidé de se plonger corps et âme dans le nouveau Zelda, d’en faire son seul loisir et sa seule obsession. Malheureusement, comme nous l’a appris Andrew Lau dans Infernal Affairs (2002), ce n’est pas parce qu’on s’est fourré volontairement dans un guêpier qu’il est facile d’en sortir.
Et aussi :
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Agar
Elden Ring. S’il faudra encore attendre quelque mois pour que, au terme d’une attente insoutenable ouhlalala c’est fou quel suspense, Baldur’s Gate 3 soit décrété meilleur jeu de 2023, il vous est d’ores et déjà possible d’acheter Elden Ring, le meilleur jeu de 2022. Et même de l’acheter « à pas cher », comme on dit dans les territoires, avant de faire chabrot devant le journal de treize heures de TF1 puis de retourner aux champs. 35,99 € (-40 %) jusqu’au 19/10.
Jusqu'à fin octobre, les cent premières personnes à utiliser le code promo « SOULS » gagneront une réduction supplémentaire sur tout le catalogue Gamesplanet.
Et aussi :
The Next Penelope. 2,60 € (-80 %) jusqu’au 15/10
DREDGE: Deluxe Edition. 21,99 € (-37 %) jusqu’au 16/10
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