Quand la Silicon Valley fonde sa propre religion
Taxis volants à Paris, fondamentalistes qui donnent des conseils lifestyle sur YouTube et jeux à -80 %
Édito
Par Agar
On aurait dû s’en douter en les voyant faire la fête au milieu du désert par 60 °C en plein déluge et collectionner les photos de singe : les millionnaires de la Silicon Valley ne vont pas bien. On pourrait même aller jusqu’à dire que, fidèles à la longue tradition californienne qui veut que tout commence avec des chansons hippies et finisse par des meurtres rituels, ils ont complètement vrillé.
On les savait déjà férus de survivalisme (il faut dire que la fin du monde ne manquerait pas de provoquer une certaine perte de privilèges), on découvre aujourd’hui que leur obsession pour l’Apocalypse, associée à leur goût pour la science-fiction bas-de-gamme, a abouti à une véritable eschatologie numérique. Création d’un paradis terrestre libéré de la souffrance grâce à l’IA, upload des âmes dans des ordinateurs immortels… Comme le fait remarquer Vox, les points communs entre le discours messianique des gourous de la tech et celui des religions abrahamiques sont de plus en plus nombreux.
Mais bon, tout ça n’est pas bien méchant – enfin, si on laisse de côté la quantité de fric brûlé dans des projets idiots –, pensez-vous. Jusqu’à un certain point. Car cette fixation sur l’immortalité et cette tendance à confondre progrès technologique et moral sont parfaitement compatibles avec l’autre lubie de la Valley : le natalisme. Les friqués de la tech ont décidé de faire des enfants à tort et à travers, non par goût de la famille ou des prénoms à la con, mais parce qu’ils sont convaincus que les « gens intelligents » doivent se reproduire le plus possible afin de sauver la civilisation.
Elon Musk, qui avec ses onze marmots est une des figures de proue du mouvement « long-termiste », fait « de son mieux pour lutter contre la dépopulation » car, sachez-le, « la population humaine est en voie d’effondrement mais peu de gens semblent s’en rendre compte ». Une remarque doublement étonnante, non seulement parce que la population continue de croître mais surtout parce que les eugénistes ont en général plutôt tendance à s’inquiéter de la surpopulation. Tout devient plus clair lorsqu’on apprend ce que Musk entend lorsqu’il parle d’humanité. Pour les « long-termistes », le maintien des populations des pays aisés (supposées plus heureuses et mieux éduquées) est vital pour l’avenir lointain de l’espèce. Ce qui revient en fait à proposer une version sexy et mâtinée de SF des thèses racistes les plus classiques sur la prolifération des masses du tiers-monde mettant en danger la civilisation blanche. C’est là la beauté des eugénismes : qu’ils prétendent lutter contre la surpopulation ou le dépeuplement, ils tapent toujours sur les mêmes.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Agar
Щ(º̩̩́Дº̩̩̀щ)
LeMonde.fr. Les voies du Seigneur sont impénétrables, dit-on, alors qu’en fait pas du tout. Elles sont même du genre limpides : sans doute agacé de ne pas pouvoir les annoter facilement (« un être omnipotent peut-il créer un document si protégé en écriture que même lui ne pourrait le modifier ? », etc.), le Démiurge souhaite la fin des documents en lecture seule. La preuve, même pas un mois après le co-créateur du format PDF, c’est celui de Powerpoint qui vient de passer en version Final-FINAL-FINAL-2.0.
LaTribune.fr. Des taxis volants. Ce qui n’était jusque-là qu’un doux rêve des êtres humains et de Luc Besson devrait devenir réalité pour les Jeux olympiques de 2024. De petits aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, « quatre fois moins bruyants qu’un hélicoptère » (ce qui, dit comme ça, semble quand même faire encore pas mal de boucan) circuleront entre Roissy, une barge flottante sur le quai d’Austerlitz et une poignée d’autres destinations tout aussi périlleuses. Si, bien sûr, l’aéronef est certifié d’ici là et si l’Autorité environnementale française, qui n’a pas l’air méga chaude (on se demande bien pourquoi), cesse de faire les gros yeux.
Cryptonews.com. Puisque les cryptobros semblent prêts à claquer toutes leurs économies dans n’importe quel shitcoin, à quoi bon prendre la peine de créer une cryptomonnaie qui finira par valoir un demi-centime et ne pas plutôt zapper cette étape fastidieuse et piquer leurs thunes directement ? C’est le pari audacieux de Karl Greenwood et Ruja Ignatova, les créateurs de OneCoin, une cryptomonnaie qui a pour particularité de n’avoir jamais existé. Les deux escrocs (ou génies, ça dépend du point de vue) se sont contentés d’empocher la thune de leurs « investisseurs », accumulant un total de quatre milliards (!) de dollars. L’histoire s’est mal terminée pour Greenwood, qui vient de prendre vingt ans de taule, mais pas pour Ignatova, qui a embarqué dans un avion pour la Grèce et est toujours en cavale.
LeVif.be. Pendant que les IA les plus célèbres continuent méthodiquement à mettre au chômage les employés du tertiaire, d’autres, moins médiatiques mais tout aussi méritantes, s’attaquent au règne d’homo sapiens sur le monde physique, jusque-là sans partage (sauf peut-être quand il croise la route d’un rhinoceros unicornis lancé à pleine vitesse, mais c’est une autre histoire). Des chercheurs suisses ont ainsi créé une intelligence artificielle capable de piloter un drone avec plus d’adresse qu’un être humain, à tel point qu’ils l’ont baptisée Swift et que ses performances ont été chroniquées dans un journal qui s’appelle Le Vif, c’est dire si la bougresse est leste. Il faut dire qu’elle a récemment battu trois pilotes professionnels dont deux « champions du monde de drone », ce qui, quand on y pense, est quand même un titre sportif bien grotesque.
Le bon plan matos
Par Ivan Le Fou
Souris sans fil Logitech G Pro X Superlight (93,99 €). Avec la sortie de la nouvelle souris G Pro Superlight 2 (169 €), il y a de bonnes affaires à saisir sur le premier modèle, encore très bien placé dans la gamme « souris sans fil haut de gamme ultra légère ». Avec son capteur Hero 25K et ses boutons programmables, elle ne pèse que 63 g et son prix vaut bien de renoncer à quelques améliorations.
La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Agar
L’article gratuit de la semaine : Nos instructions inquiétantes pour la maintenance d’un PC. Si je devais écrire une anthropologie totale couvrant toute l’histoire de l’humanité, et heureusement que je n’ai pas à m’y coller car la semaine est déjà bien chargée, j’en ferais une histoire du ménage. Car c’est là un fait indubitable : à mesure que l’homme s’est arraché à l’animalité et que la civilisation a gagné en complexité, la quantité de choses à nettoyer n’a cessé d’augmenter. Des grottes, puis des maisons, puis des toges, puis des chemises avec des jabots tordus qu’il fallait amidonner. Et maintenant, sommet de l’injure, des données sur des disques durs. Heureusement, notre guide est là pour vous aider.
Et aussi :
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Agar
Mutant Year Zero: Road to Eden. Il n’y a pas tant que ça de jeux à la X-Com. Les mauvaises langues diront que c’est parce que la population de masochistes, après tout, est finie, et qu’il n’y a pas tant de gens que ça prêts à tenter des jets d’attaque à 99 % de chance de réussite, tout ça pour se planter lamentablement et assister impuissants à la mort de toute leur escouade. Mais c’est tout de même un peu dommage, surtout quand les jeux en question ne se contentent pas d’imiter l’illustre ancêtre mais se paient même le luxe d’innover, comme ce Mutant Year Zero qui nous propose d’explorer une terre d’où les humains ont disparu (ça doit être reposant) mais envahie par des mutants (ah, en fait non). 12,99 € (-63 %) jusqu’au 25/09.
Jusqu’à la fin du mois, le code promo « CANARDDAY » offre une réduction supplémentaire sur tout le catalogue Gamesplanet aux cent premières personnes à l’utiliser.
Et aussi :
Conan Exiles. 14,50 € (-64 %) jusqu’au 25/09.
Joe Danger 2: The Movie. 2,80 € (-80 %) jusqu’au 24/09.
Rayman Legends. 3,99 € (-80 %) jusqu’au 24/09.
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