Édito
Par Agar
Si le monde se réchauffe, il ne ralentit pas, ce qui, vous en conviendrez, est somme toute assez peu prudent. C’est pourquoi le chroniqueur de notre modernité fébrile, de retour d’estivage, est souvent saisi d’un instant de panique devant la taille du tableau Notion où il a jeté en vrac, durant les mois d’été, tous les sujets possibles pour la rentrée. Aussi, si vous le voulez bien et afin d’entamer ce retour au travail sans risquer le claquage, consacrons ce premier édito de la saison 2023-2024 à un sujet plutôt reposant.
Figurez-vous que pendant que vous étiez tranquillement en vacances, la Pokemon Company, qui ne chôme jamais, a fait un carton monumental avec un nouveau jeu sur mobile. Lancée mi-juillet, elle a été téléchargée plus de trois millions de fois durant les quinze jours qui ont suivi et, à la fin du mois, était la septième application la plus téléchargée sur iPhone. Mais à la différence de Pokémon GO, qui nous demandait de sortir de chez nous pour faire tout un tas de choses grotesques comme photographier des gouttières ou arrêter des inconnus pour leur demander s’ils avaient vu un Évoli dans le coin, jouer à Pokémon Sleep – car c’est le nom du nouveau machin – nécessite simplement de dormir.
Le programme fonctionne comme une application de suivi du sommeil. On pose le téléphone sur sa table de chevet puis on lance Pokémon Sleep, qui nous écoute toute la nuit avec l’attention d’un stalker qui aurait réussi à obtenir un double de nos clés. Le lendemain, selon qu’on ait dormi comme un loir ou comme un… euh… un animal qui dort mal, l’application nous gratifie d’un certain nombre de points, qui nous permettent de faire apparaître d’autres Pokémon et d’augmenter graduellement le niveau d’un Ronflex. Si jamais vous vous dites qu’une application qui encourage les enfants à bien dormir grâce à des petites images de Pokémon est somme toute bien inoffensive et que tout cela est anormalement mignon pour cette newsletter habituée à patauger dans la fange de la tech, rassurez-vous, j’ai ce qu’il vous faut. Non seulement un site japonais a encouragé les utilisateurs à prendre des somnifères pour optimiser leurs scores mais Pokémon Sleep est tout de même, avant tout, une grosse machine à produire du blé. Le jeu, blindé de microtransactions qui offrent la possibilité de faire progresser artificiellement son Ronflex, est une immense machine à monétiser le sommeil et rapporte aujourd’hui près de 130 000 dollars par jour (par nuit ?) à ses créateurs.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Agar
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TheGuardian.com. « Ouais l’IA va peut-être piquer nos boulots mais elle ne va pas nous tuer, faut pas pousser non plus, on n’est pas dans Terminator », pensent encore tous ces gens qui ont eu la chance d’échapper aux Tesla sauvages et de ne pas utiliser l’application de ce supermarché néozélandais qui, recourant à l’IA pour générer des idées de recettes, a suggéré à ses utilisateurs un mélange susceptible de produire du dichlore, gaz dont la toxicité lui a valu une belle réputation durant la Grande Guerre.
PetAPixel.com. Pendant ce temps, les employés d’Adobe traversent une période de doute existentiel, réalisant avec stupeur et un poil de retard que leurs outils IA (qui font le travail des graphistes à leur place) risquent de finir par mettre au chômage leurs propres clients (des graphistes qui achètent les produits Adobe pour travailler).
Euronews.com. Heureusement, les progrès de l’IA ne se contentent pas de nous offrir de nouveaux moyens de tuer ou de ruiner notre prochain, mais aussi des formes de torture psychologique auxquelles personne n’avait jamais pensé. Par exemple Deep Fake Love, la nouvelle émission de télé-réalité de Netflix, dans laquelle des gens regardent des vidéos de leur conjoint en train de les tromper et doivent deviner s’il s’agit d’images réelles ou de deepfakes.
Twitter.com. Quatre dollars. C’est ce que vaut désormais le NFT du premier tweet de Jack Dorsey, qu’un audacieux pigeon a acheté 3 millions de dollars l’année dernière. Comme quoi, en ces matières comme en d’autres, il est toujours prudent d’attendre les soldes pour ne pas avoir de regrets.
Vox.com. Qui est vraiment Elon Musk, ce mystérieux entrepreneur dont le génie continue de fasciner nerds dégénérés et microbloggeurs d’extrême-droite ? Et si, pour le savoir, le plus simple était de lire l’espèce de roman Harlequin écrit par son ex-femme Talulah Riley ? Une question beaucoup moins bête qu’elle en a l’air (ce qui, je vous l’accorde, place la barre très bas) et surtout moins angoissante que de se demander quel pouvoir cet homme quelque peu instable exerce sur le destin du monde.
Le bon plan matos
Par Furolith
Souris Logitech G502 Hero (45 €). La G502 Hero n’est plus toute jeune, mais elle reste aujourd’hui une des meilleures souris filaires hautes performances. À ce prix, on trouve difficilement meilleure affaire. Attention cependant à son poids (121 g au minimum), que certains pourraient trouver un poil trop élevé.
La semaine du jeu vidéo
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Notre sélection d’articles, par Agar
L’article gratuit de la semaine : Dave the Diver. Un jeu de plongée drôle, bien écrit, accessible à tous les publics mais qui ressemblerait aussi à Spelunky et à Subnautica. Voilà qui semble à la fois trop beau pour être vrai et profondément contradictoire. Eh bien, c’est encore plus contradictoire que ça puisqu’en fait c’est assez beau pour être vrai. Je ne sais pas si vous me suivez, parce que moi non.
Et aussi :
À la gloire des interfaces utilisateur de Jon McKellan. Comme tous les arts, le jeu vidéo a ses travailleurs de l’ombre. Par exemple les créateurs d’interfaces utilisateur, auxquels personne ne s’intéresse jamais. C’est pourquoi quand nous sommes allés parler à Jon McKellan, il a crié « Ah !! » puis « Qui êtes-vous ? Sortez de chez moi ! », peu habitué qu’il était à recevoir des journalistes.
Le bon plan Gamesplanet à -58 %
Notre sélection jeux vidéo, par Agar
The Case of the Golden Idol. Il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture, ni sur son titre. Enfin, sauf peut-être Keskel fé enkor chié Albertine ? de Marcel Proust, qui, il est vrai, n’était pas son roman le plus réussi, mais le pauvre traversait une mauvaise passe. En ce qui concerne The Case of the Golden Idol en tout cas, vous auriez tort. Son titre digne d’un Indiana Jones et ses graphismes façon Paint cachent un excellent jeu d’enquête à la Return of the Obra Dinn. 11,99 € (-33 %) jusqu’au 28/08.
Durant tout le mois d’août, le code promo « CANARDAOUT » offre une réduction supplémentaire sur tout le catalogue Gamesplanet aux cent premiers utilisateurs.
Et aussi :
Conan Exiles. 18,99 € (-53 %) jusqu’au 28/08.
Blair Witch. 6,75 € (-77 %) jusqu’au 28/08.
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