En fait, l'IA ne sert à rien
Des caméras traquent les SDF, TikTok se convertit au christianisme et jeux à -78 %
Édito
Par Ambroise Garel
Récemment encore, j’étais optimiste. Quand il m’arrivait de me demander si l’enthousiasme général au sujet de l’IA n’était pas qu’une resucée de celui qu’on a connu au sujet du métavers et des NFT, je me disais « rhoo, non, quand même », puis, après un long moment de réflexion, « l’IA, contrairement au métavers et aux NFT, ça sert à quelque chose ». Mais comme tous les optimistes, j’étais un grand naïf, c’est pourquoi je n’allais jamais jusqu’à me demander « oui, mais aujourd’hui, concrètement, ça sert à quoi ? ».
Or il se trouve que, depuis, j’ai lu le dernier numéro de Where’s Your Ed At?, la newsletter d’Ed Zitron, dans laquelle, patiemment, bout à bout, il aligne extraits d’interviews lunaires des boss de l’IA, promesses non tenues des systèmes existants, doutes des investisseurs concernant la possibilité de faire un jour de l’argent avec ces outils. L’effet d’accumulation, assez terrifiant, pose deux grandes questions : l’IA sert-elle aujourd’hui à quelque chose et, surtout, sera-t-elle un jour prochain, comme on nous le promet du matin au soir, capable de faire davantage ?
Question essentielle, car les entreprises de l’IA ne nous vendent pas tant les capacités réelles de leurs créations que la promesse de performances futures, allant de l’IA générale (qui, spoiler, restera un délire pour auteur de SF) aux voitures vraiment autonomes (pas demain la veille non plus, on en parlait justement il y a deux jours), en passant par des outils de création par IA suffisamment pilotables pour qu’ils soient utiles aux professionnels (on n’a pas la moindre idée de comment faire). Bref, si l’IA, comme d’ailleurs les NFT, a d’ores et déjà un intérêt pour quelques usages précis, comme trier des photos, générer des dessins pas terribles pour illustrer des bouquins ou encore garnir des sites web de textes moisis, rien ne nous garantit, à part les promesses grandiloquentes de types souvent plus marketeux qu’ingénieurs, qu’elle sera un jour capable de faire autre chose.
Il y a même de bonnes raisons de penser le contraire. Passer à la suite nécessiterait de résoudre des problèmes techniques considérables (impossible de générer des vidéos ou de proposer des textes ou des synthèses de qualité tant qu’on n’aura pas résolu le problème des hallucinations, et on n’a pas le début d’une piste) et de disposer d’une quantité monstrueuse d’énergie pour continuer à entraîner des modèles de plus en plus gros sur des masses énormes de données souvent obtenues illégalement. Quant aux usages bien concrets et actuels, pour le moment, presque aucune entreprise n’a réussi à en tirer profit. Ce qui n’augure rien de bon pour la suite.
Car le jour où les entreprises et les marchés se rendront compte que leurs espoirs ont été déçus, que loin d’être un changement de paradigme capable de générer de la croissance par enchantement, l’IA n’est qu’un gadget de plus, la douche risque d’être froide, et ses utilisateurs se tourneront alors vers d’autres cieux. Sauf peut-être les arnaqueurs. Tiens, voilà un autre point commun avec les NFT.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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TheDailyBeast.com. Utiliser l’IA pour remplacer les gens qui travaillent est une chose, mais quid d’utiliser l’IA pour remplacer les gens qui ne travaillent pas ? C’est l’astucieuse idée qu’a eue l’université de Boston, confrontée à une grève des étudiants de troisième cycle chargés de donner des cours (et payés, comme le veut la coutume dans toutes les universités du monde, une misère). « Il n’y a qu’à les remplacer par ChatGPT », a suggéré la direction de la fac, une proposition à peu près aussi bien reçue que la suggestion faite aux Parisiens de manger de la brioche¹, ce qui est dommage car c’est quand même bon la brioche, surtout celle au sucre perlé, qui, il est vrai, n’était peut-être pas disponible dans les supermarchés en 1789.
TheGuardian.com. La ville de San José, en Californie, est en train de lancer un programme pilote qui consiste à faire circuler dans les rues de la ville une voiture bardée de caméras et équipée d’un logiciel de traitement d’images, cela afin qu’elle puisse identifier des points d’intérêt et les signaler aux services compétents. Elle sera par exemple capable d’informer les autorités de la présence de nids-de-poule à combler, de voitures stationnées sur les voies de bus ou encore, ah tiens c’est étonnant, de sans-abri. Non contente de repérer les gens qui pratiquent le sans-abrisme de façon totalement décomplexée en dormant à même le trottoir ou dans une tente, elle est également capable d’identifier les signes secondaires de la présence de pauvres, par exemple des sacs-poubelle collés aux fenêtres d’une vieille voiture ou d’un camping-car. On est partagé entre terreur devant cette nouvelle escalade de la guerre contre les pauvres et curiosité pour les moyens que les SDF vont imaginer pour tromper l’IA, par exemple dormir par terre mais avec un chapeau haut-de-forme pour se faire passer pour des riches.
¹ Oui, je sais, la citation de Marie-Antoinette est apocryphe, mais comme disait Staline au moment de gommer Trotski des photos, « jamais le souci de la vérité historique ne doit nous priver d’une bonne blague ».
Les bons plans matos
Par Furolith
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Manette sans fil Xbox (44 €). Parce qu'on veut bien admettre que tout le monde n'a pas forcément ni les moyens ni l'envie de claquer 200 balles dans une manette, le modèle Xbox Series de base reste aujourd'hui un standard immuable, très confortable et 100 % compatible PC.
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La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : Quand un SAV veut nous faire payer une non-réparation. Je me souviens encore, quand j’étais petit, avoir lu cette vieille histoire de Gaston Lagaffe dans laquelle Fantasio démonte son poste de radio pour remplacer une lampe qui a grillé. Histoire qui déjà à l’époque m’avait semblé étrange, car même dans les années 1980 personne ou presque ne réparait plus ses appareils électroniques. Il faut dire que les composants étaient devenus beaucoup plus petits alors que les doigts des gens persistaient à demeurer de la même taille. Toujours est-il qu’aujourd’hui, en dépit des belles promesses écologiques des constructeurs, il est devenu non seulement impossible de réparer mais aussi de faire réparer quoi que ce soit, comme vous l’apprendra la terrible histoire de SAV racontée dans cet article.
Et aussi :
Dossier : Hitman, The Last of Us, God of War : quand les AAA se lancent dans le trafic de rogue
À venir : Bodycam
À venir : Moonshot
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
Banishers: Ghosts of New Eden. Le tout nouveau jeu des créateurs de Life is Strange se déroule encore aux États-Unis. Pas dans un lycée toutefois mais en 1695, époque où le Nouveau Monde comptait moins de capitaines de l’équipe de foot mais davantage de fantômes. 37,49 € (-25 %) jusqu’au 09/04
Assetto Corsa Competizione. Il est évident qu’Asseto Corsa Competizione est un excellent jeu de voitures. J’en veux pour preuve que son titre est en italien. 8,99 € (-78 %) jusqu’au 08/04
Have a Nice Death. Have a Nice Death plaira aux fans d’Hades, de Dead Cells et de Binding of Isaac. Surtout à ces derniers d’ailleurs, puisqu’on y incarne la mort, ça ne les changera pas des obsessions de McMillen. 15,99 € (-36 %) jusqu’au 17/04
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