Internet va devenir une jungle
IA qui veut nous faire manger des amanites phalloïdes et sait nous influencer mieux qu'un être humain, mais jeux à -86%
Édito
Par Ambroise Garel
Dans le dernier épisode du podcast du Pavé numérique sorti ce lundi, je causais blockchain avec Nicolas Biri, dont le métier consiste à développer des architectures qui l’utilisent. Je lui demandais notamment si le fait que la blockchain semble autant plaire aux arnaqueurs, fabricants de shitcoins, vendeurs de NFT et voleurs de singes à l’affût sur des plateformes d’échanges interlopes, était un bug ou une feature. Existe-t-il une règle universelle qui veut que plus un système est décentralisé, plus les pratiques de ses utilisateurs évoquent celles d’une ville du Far West ? Après tout, pour prendre un exemple que tout le monde connaît, il ne choque personne que sur Internet, bon nombre de pubs soient des arnaques dont la diffusion ne serait jamais autorisée dans un média traditionnel, ou que chaque message qu’on reçoit puisse potentiellement contenir des liens dangereux. C’est comme ça, c’est la norme du lieu : Internet, même celui très policé de l’ère des réseaux sociaux avec son côté Minitel 2.0, restera toujours un peu une jungle.
Je repensais à cela en lisant l’article que Constance Grady de Vox a consacré à la prolifération, en grande partie (mais pas seulement) due à l’IA, de faux livres sur Amazon. Le phénomène a atteint une telle ampleur que chaque livre vaguement en vue est désormais immédiatement suivi d’une foule de copies bas de gamme aux titres volontairement très proches visant à induire le consommateur en erreur. Comme le rappelle Grady, arnaquer les gens a toujours fait partie du business model d’Internet : des boîtes proposent par exemple aux auteurs de livres auto-édités d’acheter de fausses critiques 5 étoiles pour que leur ouvrage soit plus souvent suggéré par l’algorithme. Et l’internaute a toujours dû avoir recours à une sorte d’heuristique, ou d’instinct, pour différencier le valable (qu’il s’agisse d’une vraie critique, d’une pub pour un produit qui n’a pas été dropshippé ou d’un site dont les infos sont dignes de confiance) du faux. C’est aussi à cela qu’on reconnaissait l’individu internet savvy.
Mais l’industrialisation que permet l’IA va mettre à mal cet équilibre vieux de bientôt trois décennies. Les arnaqueurs disposent désormais d’un outil leur permettant de créer des faux de meilleure qualité et en plus grand nombre, qui demanderont toujours de meilleures capacités de discrimination. Aussi, plus que la fosse remplie de caca que nous annoncent les pessimistes, l’Internet de demain va surtout ressembler à un labyrinthe garni de pièges, dans lequel seuls ceux et celles qui ont l’expérience nécessaire seront encore capables de s’orienter.
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Le triste monde tragique de la technologie
Notre revue de presse de la tech déchaînée, par Ambroise Garel
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Usine-digitale.fr. Tom Cruise nous avait mis en garde mais nous ne l’avons pas écouté : l’honnête profession de pilote de chasse, petit métier facile d’accès qui pendant des années a permis à des milliers de jeunes non qualifiés de gagner leur vie, est à son tour menacée par l’IA. L’US Air Force vient en effet de tester avec succès une IA capable de contrôler un chasseur lors d’un affrontement avec un humain, ce qui est tout de même assez impressionnant, à condition bien sûr que l’humain en question sache piloter, sans quoi c’est trop facile.
BSky.app. Si elle sait piloter des F-16, l’IA éprouve davantage de difficultés avec une tâche certes autrement ardue : reconnaître les champignons. Comme l’a remarqué une utilisatrice de BlueSky, Gemini, l’IA de Google, confond champignons de Paris (comestibles pour peu que vous ne soyez pas trop attaché à l’idée de manger des aliments qui ont du goût) et amanites vireuses (hyper toxiques, un demi-chapeau suffit à vous flinguer le foie définitivement). Plutôt que de m’en inquiéter et me dire qu’une fois que toute la recherche Internet reposera sur l’IA, des milliers de gens vont mourir, je préfère voir le bon côté des choses et me dire que cette histoire m’aura permis d’apprendre que les anglophones appellent l’amanite vireuse « destroying angel », beaucoup plus impressionnant que l’équivalent français « ange de la mort », mais qu’est-ce que vous voulez, ces gens-là ont eu Shakespeare et nous avons eu Racine, ils ont davantage le sens du grandiloquent.
ZDNet.fr. À propos de littérature du XVIIe siècle, des hackers russes qui cherchaient à pirater un barrage hydroélectrique français se sont emmêlé les pinceaux et ont infiltré à la place le réseau informatique d’un moulin à eau. « L’attaque a néanmoins été couronnée de succès puisque le niveau d’eau en amont du moulin a tout de même baissé de 20 centimètres », aurait déclaré Sancho Panza, spécialiste moulins au sein du GRU.
Futurism.com. À en croire des messages internes, Tesla serait sur le point de virer environ 10 % de ses effectifs, soit 14 000 employés. Si la raison des licenciements n’est pas connue, il faut admettre qu’entre la concurrence chinoise qui gagne du terrain, les délires du patron qui commencent à affecter l’image de marque et la finition douteuse de sa production, l’entreprise semble partie pour entrer dans le dur. Et pendant ce temps, la boîte demande à ses actionnaires de voter à nouveau une rémunération de 56 milliards à Elon Musk, annulée en justice une première fois fin janvier par un juge américain qui considérait la somme délirante. Fidèle à l’éthique de cette newsletter, qui se range toujours au côté des faibles et des opprimés, j’ai d’ailleurs beaucoup de sympathie pour les membres du board de Tesla, qui doivent avoir bien envie de dégager ce couillon nuisible mais ne peuvent pas le faire, 90 % de la valeur boursière (démesurée) de Tesla reposant sur le culte qu’il a bâti autour de sa personnalité.
BFMTV.com. Alors que l’on s’apprête à mettre sous presse (ce qui ne sert à rien pour une newsletter, mais on fait ça uniquement pour le plaisir, c’est rigolo de mettre sous presse), on apprend que Gabriel Attal a annoncé l’arrivée d’« Albert », une IA « 100 % française » destinée aux services publics. Ce qui en fait l’actualité de dernière minute idéale : elle ressemble déjà assez à une blague pour que je n’aie pas à en chercher une en catastrophe.
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Les bons plans matos
Par Furolith
Écouteurs gaming Razer Hammerhead Pro HyperSpeed (178 €). Il paraît que les écouteurs gaming sans fil sont très à la mode en ce moment — c’est en tout cas ce qu’on a entendu dire dans une petite émission hardware qui monte. Dans le genre, ces écouteurs Razer, actuellement en promo, font partie des plus recommandables : latence très basse grâce à leur émetteur/récepteur USB-C, et surtout, sonorité remarquablement équilibrée.
Sony Inzone Buds (220 €). Grands concurrents des Razer, les Inzone Buds de Sony s’en distinguent notamment par une autonomie sensiblement plus généreuse : un peu plus de six heures, contre trois heures seulement pour les Hammerhead.
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La semaine du jeu vidéo
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En partenariat avec Canard PC : magazine, site web, chaînes Twitch et YouTube.
Notre sélection d’articles, par Ambroise Garel
L’article gratuit de la semaine : Qui veut d’une console mid-gen ? Qui a envie d’une console en milieu de vie ? J’ai envie de vous répondre : personne. C’est bon, hein, on les connaît, elles passent leurs journées à se poser des questions sur leur existence, à tout remettre en doute et à la fin elles achètent une moto ou partent avec une jeunette de vingt ans. Mais on me fait signe que l’article parle en réalité des consoles de milieu de « cycle de vie », c’est-à-dire lancées pour occuper le vide entre deux générations de machines. Eh bien, personne n’a envie de les acheter non plus.
Et aussi :
Article gratuit : Vous avez jusqu’au 26 avril pour commander l’album des 20 ans de Canard PC
Dossier : Peut-on acquérir de vraies compétences en jouant à des jeux vidéo ?
En chantier : Supermarket Simulator
Les bons plans Gamesplanet
Notre sélection jeux vidéo, par Ambroise Garel
Du vendredi 19 au dimanche 28 avril, ce sont les soldes de printemps chez Gamesplanet, avec chaque jour à 10h de nouveaux jeux à prix cassés. Pour vous aider à faire votre choix, nous avons sélectionné deux titres pour chaque jour de promotion.
Par ailleurs, le code promo « CANARDPC » offrira aux deux cents premières personnes qui l’utiliseront une réduction supplémentaire sur tous les jeux soldés.
Notre sélection, jour par jour :
Mercredi 24 avril : Chants of Sennaar (13,99 €, -30 %) et LEGO Star Wars: The Skywalker Saga (13,99 €, -72 %)
Jeudi 25 avril : A Plague Tale: Requiem (18,99 €, -62 %) et Ace Combat 7: Skies Unknown (8,50 €, -86 %)
Vendredi 26 avril : Avatar: Frontiers of Pandora (38,99 €, -44 %) et SnowRunner (14,25 €, -52 %)
Samedi 27 avril : Aliens: Dark Descent (20,89 €, -48 %) et Little Nightmares II (8,79 €, -71 %)
Dimanche 28 avril : Tous les jeux en promotion durant les soldes de printemps seront soldés en simultané une dernière fois pendant 24 heures seulement
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